Sylvain DEMANIE : Devenir mathématicien au début du 19e siècle : la trajectoire du genevois Charles Sturm

Séminaire « Histoire des Mathématiques »
Salle Visioconférence, M3

Charles Sturm (1803-1855) est un mathématicien français connu pour le théorème portant son nom et permettant de déterminer le nombre exact de racines réelles d’une équation polynomiale à coefficients réels. Après avoir grandi à Genève, Sturm part s’installer définitivement à Paris en 1825 pour y entamer une carrière scientifique remarquable (membre de l’Académie des sciences en 1836, professeur à l’École Polytechnique à partir de 1840, etc.). Dans la Cité de Calvin où Sturm commence sa formation, l’enseignement des mathématiques est traversé par une série de réformes inaugurée durant l’annexion française dans le but d’assimiler le Collège de Genève au lycée de l’Université napoléonienne ; série qui se poursuivra après l’intégration de Genève en 1815 dans la Confédération suisse. Quand Sturm quitte le Collège pour poursuivre ses études à l’Académie de Genève – la principale institution assurant l’enseignement supérieur de la ville – entre 1818 et 1823, il bénéficie des leçons plus avancées de mathématiciens locaux comme Simon Lhuilier (1750–1840) et Jean-Jacques Schaub (1773–1825). Les comptes rendus des séances de l’Académie rédigés à cette époque nous donnent à voir le contenu détaillé de la formation scientifique initiale des jeunes genevois et leur étude permet à l’historien·ne de reconstituer la transmission locale des savoirs et des savoir-faire mathématiques. En outre, Sturm publie au cours de sa formation ses premiers articles dans les Annales de Gergonne, journal créé à Nîmes et dont Lhuilier a été l’un des acteurs principaux de la première heure. La trajectoire singulière de Sturm, étranger de naissance et sans diplôme mais parvenant tout de même à obtenir les postes les plus convoités de la capitale permet d’explorer la question de l’identité sociale d’un mathématicien durant la première moitié du 19e siècle.


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