Elisa Dalgalarrondo (SPHERE & Cité du Genre, Université Paris Cité) Des années 1930 aux années 1960 : professionnalisation des mathématiciennes de l’ENS de jeunes filles de Sèvres dans l’enseignement supérieur et la recherche

Séminaire « Histoire des Mathématiques »
Salle Visioconférence, M3

A partir de 1936, une réorganisation des études proposées à l'Ecole Normale Supérieure de Jeunes Filles (ENSJF) prévoit de former les Sévriennes aux carrières dans l'enseignement supérieur et la recherche. Malgré quelques exceptions, ce ne fut qu’au cours du milieu des années 1950 que les étudiantes en mathématiques de l'ENSJF s'orientèrent davantage vers ces carrières.

Dans cette communication, je m’attacherai à faire sens de ce changement dans la professionnalisation des mathématiciennes de Sèvres. Comment comprendre que si peu d'entre elles se soient tournées vers les carrières universitaires dans les 20 ans qui ont suivi la réorganisation de la formation ? Par contraste, comment appréhender l'arrivée de nombre d'entre elles dans la recherche mathématique, un domaine par ailleurs fortement masculin, à partir de la seconde moitié des années 1950 ? Plus précisément, quelles sont les carrières et orientations disciplinaires poursuivies par ces femmes ?

Pour répondre à ces questions, je me pencherai d’abord sur la période 1936--1955. Ceci m'amènera à analyser ce long et lent accès des sévriennes aux postes du supérieur, en mettant l’accent sur l’importance de la prise en compte du contexte politique dans ce phénomène. Dans un second temps, je m’attarderai sur le mouvement de massification de l’enseignement supérieur à partir du milieu des années 1950 afin de montrer de quelles manières il a pu favoriser l’arrivée des sévriennes dans le supérieur et la recherche. Enfin, pour traiter la question des carrières, je m’arrêterai sur le cas de la didactique qui a attiré un certain nombre de sévriennes des années 1960, bien qu’étant une discipline en cours d’institutionnalisation. Je m’intéresserai notamment aux spécificités liées aux parcours des didacticiennes, en comparaison avec les trajectoires de celles qui ont choisi des domaines plus classiques de l’algèbre ou de l’analyse.