Antonietta Demuro (Université d’Artois), Laurent Mazliak (Sorbonne-Université) Commentaires sur un OPNI du XXème siècle. L’Univers Aléatoire (Philippe Wehrlé - 1956)

Séminaire « Histoire des Mathématiques »
Salle Visioconférence, M3

En 1956, Philippe Wehrlé publie L’univers aléatoire, un ouvrage à la fois philosophique et scientifique. Dans ce livre, ses recherches sur le caractère aléatoire de l’atmosphère, menées dans les années 1930 et 1940, sont présentées comme la genèse de la constitution d’un "Weltbild aléatoire ultime". Ce dernier se construit comme le fruit d’un processus dialectique, capable de traduire en langage aléatoire les différentes branches de la physique, du macrocosme au microcosme. L’une des singularités du livre réside dans sa préface, rédigée par Ferdinand Gonseth (1890-1975). Des correspondances conservées dans les archives de l’École polytechnique fédérale de Zurich attestent de liens entre Wehrlé et le réseau de scientifiques-philosophes réuni autour de Gonseth dans les années 1950 et 1960.

Comment expliquer qu’un philosophe et mathématicien comme Ferdinand Gonseth ait pu entrer en contact avec les travaux d’un polytechnicien, directeur de l’Office national météorologique (ONM, aujourd’hui Météo-France) dans les années 1930-1940, dont la trajectoire et les recherches sur la turbulence atmosphérique disparaissent de la scène internationale après la Seconde Guerre mondiale ? Quel est le contexte scientifique de ce livre et quelles en sont les conditions de genèse ? Comment l’univers aléatoire décrit par Wehrlé s’inscrit-il dans le processus d’adéquation des mathématiques au réel, apprécié par Gonseth et caractéristique de sa pensée de l’idonéisme ?

Dans cette communication, nous tenterons d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions.